Brest - Bastia, vendredi. Relégué en L2 en 2005, le club corse n'arrive pas à se refaire une santé. Et ses problèmes financiers n'arrangent rien.
Quand un club qui a connu l'élite pendant plus d'une décennie descend, l'atterrissage ne se fait presque jamais sans dégâts. Bastia commence a en savoir quelque chose. Dixième de Ligue 2 après 21 journées, le club corse peine à trouver un nouveau souffle depuis sa relégation, en juin 2005. Car même si les hommes de Bernard Casoni ont livré, lors du précédent exercice, une première partie de saison convaincante à l'échelon du dessous, la donne s'est compliquée au fur et à mesure (aussi sur le plan extra-sportif, avec notamment l'incident lors du match contre Caen, où les spectateurs bastiais ont envahi le terrain à quelques minutes du coup de sifflet final).
Sous la menace d'une rétrogradation en National
« L'an dernier, Bernard Casoni disposait d'un groupe de qualité, mais sans beaucoup de solutions de rechange venant du banc. Cela a donc marché pendant six mois, on a cru que Bastia pourrait remonter de suite, mais quand le club a commencé à accumuler les blessés, il est rentré dans le rang », note Eric Caponaccio, journaliste au quotidien Corse Matin.
Sixième à la fin de la saison dernière, le club finaliste de la Coupe de l'UEFA en 1978 se sépare alors de sa « colonne vertébrale » (Penneteau, Jau et Sauget). Un premier tournant, avant même que le championnat ne redémarre. Mais malgré ses départs, les Corses continuent de penser que l'accession en Ligue 1 est envisageable. Et après un départ canon (3 victoires et un nul en quatre matches), c'est même légitime d'y croire.
Très vite, Florent Laville et Pierre-Yves André, deux des cadres de l'effectif, se blessent, et les résultats de l'équipe en pâtissent (deux victoires en presque trois mois). « On ne peut pas comparer le début de saison avec ces quatre derniers mois. Ça n'a absolument rien à voir. Car depuis, on n'a pas toujours eu les joueurs que l'on voulait, on a eu beaucoup de blessés », note Bernard Casoni, le coach corse.
Et pour ne rien arranger, début décembre, la DNCG lance un ultimatum au club : s'il ne veut pas descendre en National, il doit impérativement assainir ses finances (le résultat, selon le président Charles Orlanducci, d'un certain laxisme des anciens dirigeants). Par ailleurs, le club a l'interdiction formelle de recruter. Conséquence : Camadini et Jarjat partent, et le club se sépare d'un tiers de ses salariés. Cette année, le budget est de 11 millions d'euros, l'an prochain, il devrait se réduire à 8.
Aujourd'hui, Casoni ne peut plus espérer enrôler des joueurs, et doit composer avec un effectif assez jeune. « Il existe deux ou trois joueurs cadres, mais pas plus. Au milieu, cela se voit, il manque un patron, capable de poser le jeu. Tous ces départs ont fait mal », confie le journaliste de Corse Matin. Mais tout n'est pas noir, assure-t-on, et des espoirs demeurent. Notamment après ce succès acquis il y a deux semaines, contre Libourne (3-2).
Casoni : « La montée, ça se mérite »
Car Bastia, derrière toutes ces turbulences, n'est qu'à dix points du premier ticket pour la montée. « On a un mois de février très intéressant à jouer, avec des matches contre Caen, Bastia et Dijon. Rien n'est encore fait, même si pour le moment, notre objectif est de gagner le plus de matches. Car la montée, ça se mérite » lance Casoni, avant de renchérir « il ne faut surtout pas se concentrer sur les soucis de Brest, mais uniquement sur notre jeu. Car vous savez, on a déjà tellement de problèmes chez nous... »
Les Bastiais débarqueront donc vendredi dans le Finistère avec des maux plein la tête. Pas sûr, néanmoins, que cela les empêche de prendre des points. Mais pas sûr, non plus, que les supporters corses, après tant d'années en Ligue 1, aient rêvé d'une telle galère dans l'antichambre de l'élite.
Gaspard BRÉMOND.
Ouest-France