Après deux saisons mal négociées, Basile De Carvalho et le Stade Brestois repartent à l’attaque d’une nouvelle saison de Ligue 2. L’objectif du président Guyot est d’amener son équipe dans le premier tiers du classement afin de redonner de la joie à un public qui reste sur sa faim.
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2005-2006 : 17e , sauvé à l’avant-dernière journée grâce à une victoire sur Caen (2-1), Albert Rust démis de ses fonctions en mars. 2006 - 2007 : 14 e , sauvé à la dernière journée grâce à un hold-up à Tours (2-1) et une victoire face à Reims (3-0), le président Jestin claque la porte à la mi-décembre, Goudet est remplacé par Janin en janvier, le Stade Brestois a traversé une grosse crise. Le Stade Brestois version 2007-2008 part à l’assaut d’une nouvelle saison avec la volonté d’effacer ces deux saisons-galères. Michel Guyot, qui a pris la suite de Jestin, a mis en place un projet de trois ans pour faire du Stade Brestois une équipe capable de jouer en Ligue 1 à l’aube de la saison 2010-2011, ce qui devait coïnicider avec l’arrivée du nouveau stade. Mais, ce dernier ne verra pas le jour avant 2012, au mieux. Mais le Stade Brestois devra d’abord passer cette saison sans encombre, sans trembler. Ce ne serait déjà pas si mal.
Steeve Elana. « Je veux retrouver la L1 »
- Steeve, vous attaquez votre troisième saison à Brest où vous avez signé pour trois ans. Qu’est-ce qui vous a poussé à rester après deux saisons compliquées ? « Il y avait eu des discussions en février, puis plus rien, sûrement à cause des mauvais résultats. Des sollicitations, oui, j’en ai eues, mais aucun club ne m’a proposé une place de titulaire en Ligue 1. Là, j’aurais eu du mal à refuser. J’aurais pu aller à Amiens, c’était kif-kif au niveau financier mais qu’aurais-je trouvé de mieux là-bas que je n’ai pas ici ? Ils ont de bons joueurs, c’est sûr, mais ici aussi, on en a ».
- Vous restiez pourtant sur une bonne saison et beaucoup de gens vous voyaient partir. « C’est vrai que la saison s’est bien passée pour moi. Mais je peux encore faire mieux, je ne dois plus prendre des buts évitables. Car, selon moi, je n’ai pas participé plus qu’un autre au maintien de l’équipe. Après les sollicitations, c’est flatteur pour l’ego, ça prouve que je ne travaille pas dans le vide, mais je suis quelqu’un de terre à terre. Ma famille est très attachée à la région, ça a compté aussi, et j’ai rencontré des gens en dehors du foot qui m’ont dit "allez, reste" et certains m’ont touché. Je l’ai dit au président : "Mon objectif est de retrouver la Ligue 1. Ce n’est pas de la prétention, c’est de l’ambition. Il ne faut pas se raconter d’histoires : on vieillit, quoi. La Ligue 1, on ne m’y a pas proposé de poste de titulaire. Donc pour moi, le chemin le plus court pour la Ligue 1, c’est d’y aller avec Brest. Moi, j’y crois toujours ».
- Même après ces deux dernières saisons où le club a failli descendre ?<--------> « C’est l’expérience qui me fait dire cela : en 2002-2003, avec Caen, on était dernier en janvier et on finit 8 e . L’année suivante, on est 20 e et on monte en finissant 2 e . On a vécu des choses ensemble, les dangers, on les connaît. Moi, je suis persuadé que la roue va tourner que nos attaquants vont nous ramener des points alors que, la saison passée, ce sont plutôt les défenseurs qui l’ont fait. La roue va tourner, j’ai une grande confiance en nos attaquants ».
- C’est un nouveau groupe qui repart. Que pensez-vous du recrutement ? « Bien, je pensais que Cédric (Liabeuf) serait resté mais je respecte son choix. Un gars comme Collet, je suis content qu’il soit là. Tous les joueurs étaient là tôt et ils sont tous bien rentrés dans le moule. Mais, bon, l’année dernière aussi, l’ambiance était bonne en début de saison et ce sont les résultats qui dicteront le reste. Pour l’instant, ça se passe très bien. On parle de tout et de rien. Quand l’entraînement est fini, personne n’est pressé de partir. Après, c’est à nous, joueurs, de faire vivre le groupe. Sur le terrain, on ne peut pas tout contrôler, mais en dehors, c’est nous : il s’agit d’accepter, de respecter l’autre ».
- Pascal Janin a décidé de confier aux gardiens le brassard pendant la préparation et n’a pas encore tranché. Guégan ne jouera pas dès la reprise, Poulard non plus, vous sentez-vous capable d’assumer ce rôle ? « Je suis bien avec tout le monde, alors porter le brassard, pas de problème. Je verrai ça comme un honneur. Mais être capitaine ne doit pas changer l’homme. Ce n’est pas parce que l’on porte le brassard pendant quelques matchs que l’on doit se prendre pour un autre ».
- Y a-t-il des équipes qui vous semblent au-dessus ? « Troyes s’est bien renforcé. Amiens a joué la stabilité, ça peut marcher. Après, sur le papier, Sedan, Guingamp, Montpellier, ce n’est pas mal. Mais nous aussi, vous savez, on n’a pas une mauvaise équipe non plus. On part tous de zéro. Le premier objectif est de récolter, et très vite, les 42 points du maintien. Après, qui sait ? »
«Dans le premier tiers impérativement»
4-4-2. « C’est mon système préféré avec deux récupérateurs et deux excentrés », reconnaît Janin. Le Stade Brestois entamera la saison dans ce dispositif. « Mais nous pourrions aussi passer en 4-2-3-1 à la lyonnaise avec Richard (Socrier) en pointe et François Masson en position axiale ».
RECRUTEMENT RÉGIONAL. C’est une idée à laquelle Michel Guyot est attachée. Le Brestois Richetin a signé son premier contrat pro, le Quimperlois Bouard et le Rennais Masson sont arrivés. « Et encore, on a raté Moullec, qui a signé à Nantes quand ce club proposait encore des contrats de niveau L1, et Kermorgant, qui avait donné son accord à Reims avant la fin de la saison ».
L’ATTAQUE D’ATTAQUE. 34 buts en 2005-2006, 40 buts en 2006-2007 : l’attaque brestoise, malgré les onze buts de Socrier l’an passé, a du plomb dans l’aile et les deux derniers matchs de préparation (Botosani, 0-1; UNFP, 1-1) ont fait surgir quelques vieux démons. « Quand Pascal (Janin) a pris l’équipe en janvier, notre situation nous a obligés à jouer pour ne pas prendre de buts. Cette fois, nous attaquons le championnat pour en marquer ».
LA BALLE AUX JOUEURS. « Presque toutes nos recrues étaient présentes dès le stage. J’y ai vu beaucoup de solidarité entre les anciens et les nouveaux », raconte Janin. Le président Guyot met en tout cas ses joueurs devant leurs responsabilités : « Ils sont tous passés dans mon bureau, j’ai écouté leurs arguments et j’ai accepté certaines conditions financières. Maintenant, il faut qu’ils soient au rendez-vous. Ça ne sera pas toujours la faute du voisin ».
JOUER UN RÔLE. Malgré ces deux dernières saisons stressantes, le Stade Brestois veut jouer un rôle dans ce championnat. Le président veut « finir dans le premier tiers impérativement. Cela nous permettrait d’être à l’abri. Si on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête, on fera encore du yo-yo. Et puis, pour intéresser notre public et nos partenaires, on doit jouer un rôle ». L’objectif de l’entraîneur Pascal Janin sera de mettre « en place un projet de jeu cohérent et appliqué avec envie par les joueurs ».
Au stade du désespoir
« Le stade est l'un des plus inconfortables de D1. 20.000 places
dont 12.000 debout en partie non couvertes. C'est un énorme
handicap par rapport aux autres. Je suis pour la construction
d'un nouveau stade mieux adapté aux contraintes du football
actuel (loges, parking, tribunes couvertes, facilité d'accès) qui
se situerait à la périphérie brestoise afin que nos supporters de
Morlaix ou Quimper puissent y accéder facilement ».
Ces paroles sont sorties de la bouche de François Yvinec, lors
d’un conseil municipal de... juin 1985. Elles sont toujours d’actualité.
Le nouveau stade, si le club veut grandir, n’est plus un
souhait aujourd’hui. C’est une obligation. Grenoble, Le Havre,
Reims, Guingamp, Ajaccio, ont tous engagé des travaux de
construction ou de rénovation et, bientôt, il ne restera que
Furiani et Le-Blé comme stades d’un autre temps.
Pourtant, le vieux Le-Blé, on l’adore. Comme une personne
âgée qui nous conte à chaque visite ses vieilles histoires. Mais
il faut faire la place aux jeunes comme on dit. Ce n’est pas
qu’on les aime forcément, ces nouveaux stades, qui dénaturent
petit à petit le côté populaire de ce sport, en accordant bientôt
autant de places aux VIP qu’à ceux pour qui c’est un sacrifice
financier autant qu’un immense bonheur de venir au stade.
Mais va-t-il falloir attendre encore 30 ans à Brest ? Que faut-il :
un match de Coupe du monde? Une qualification en Ligue des
champions? Le don d’un philanthrope milliardaire ? Brest en
est aujourd’hui au stade du désespoir.
Les désirs d'ailleurs de Poulard
Il était venu à Brest avec Goudet. « Un coup de coeur », avait-il dit le jour de la signature de son contrat de trois ans.
On peut aisément comprendre qu’il fut l’un des joueurs les plus
touchés par le départ de son ancien entraîneur du Mans. On
peut aussi comprendre qu’à 31 ans, il veuille saisir l’une des dernières opportunités de sa carrière de porter le maillot du FC Nantes, un si grand club du football français qui n’en est plus un
aujourd’hui. Mais voilà, il lui reste deux ans de contrat et le Stade Brestois n’est pas disposé, à juste titre, à s’asseoir dessus.
38 matchs en 2006-2007
Poulard a pourtant décidé, en refusant de jouer à Plouvorn contre Guingamp, d’engager un bras de fer avec le club, avant de se déclarer ensuite « désolé des proportions que ça prend et ne pas vouloir porter préjudice au groupe ».
Depuis, il s’entraîne sans rechigner mais ne joue pas. Aucun de ses équipiers, qui peuvent aussi se trouver un jour dans cette situation, ne lui en veut et l’affaire Poulard ne semble pas avoir touché l’esprit du groupe mais a sérieusement
compliqué la vie du club.
Le Stade Brestois n’a toujours pas trouvé son éventuel remplaçant et ne sait toujours pas s’il pourra compter sur Poulard, qui a quand même joué 38 matchs la saison
dernière, porté à de nombreuses reprises le brassard de capitaine, et dont le niveau et l’expérience ne se discutent pas.
Poulard, qui avait déjà envisagé un départ au Havre, devra faire un gros travail sur lui-même pour récupérer le crédit qu’il aura forcément perdu dans l’histoire. Mais peut-il encore porter ce maillot ?
Collet fera-t-il oublier Liaboeuf ?
« Quitter Brest n'était pas une mince affaire. Ma femme et moi nous sommes totalement épanouis là-bas. Je n'expliquerai pas les raisons exactes de mon départ mais je peux vous dire que ces raisons sont tout à fait valables. Je quitte Brest pour des raisons professionnelles ».
Cédric Liabeuf, qui était l’un des joueurs les plus appréciés à Brest, n’en a pas fait des tonnes au moment de quitter le club, alors que tout le monde, supporters et équipiers, le voyaient rester. Pire, ce qui lui valut d’essuyer des crachats de deux idiots l’autre jour à Plouvorn lors d’un match amical entre les deux clubs, il porte aujourd’hui le maillot du rival guingampais.
Pour le remplacer, le Stade Brestois a fait appel au Tourangeau Cédric Collet, qui fait très bonne impression
lors des matchs de préparation et s’est parfaitement intégré.
Collet, qui dispose d’une très bonne qualité de centre, est un vrai milieu de débordement, et, dans un bon jour, il peut faire mille misères à n’importe quel défenseur.
Il lui reste sûrement à diversifier son jeu, en pénétrant plus souvent dans l’axe par exemple, et à ne pas faire une fixation sur sa puissance, ce qui lui fait parfois un peu oublier de jouer au ballon.
Il faudra surtout que son comportement soit irréprochable car il traîne derrière lui une saison à neuf cartons jaunes et deux rouges, ce qui est trop, beaucoup trop.
L'ancien. Yvan Bourgis a eu peur de partir
Il n’a que 27 ans mais c’est le plus ancien. Yvan Bourgis est le seul joueur de l’effectif (1) brestois à avoir connu la montée de National en L2. Il entame une cinquième saison sous le
maillot brestois, une saison qui aurait pu ne jamais avoir lieu.
« Les paillettes de la L1 »
« Je suis super content d’être resté », dit-il aujourd’hui. Pourtant, les choses n’ont pas été simples cet été. En fin
de contrat, il a pâti des négociations mal menées entre son agent Henri Zambelli et le Stade Brestois pour prolonger
son contrat.
Le club s’était même mis à la recherche d’un autre latéral et avait presque fait une croix sur lui. On peut même avancer que si Yvan Bourgis n’était pas un homme discret et attachant,
un joueur au comportement irréprochable, viscéralement attaché au club et à la région, il porterait aujourd’hui un autre maillot.
Bourgis est une sorte d’anti-footballeur, qui préfère que l’on s’intéresse aux autres plutôt qu’à lui, qui aime rester dans son coin. C’est d’ailleurs pour ça, parce qu’il n’en fait jamais
trop, qu’il est tant aimé à Brest, où les supporters ont fait circuler une pétition sur leur forum pour éviter son
départ.
Finalement, Bourgis, c’est le joueur de Ligue 2 par excellence, sans aucune conotation péjorative. Ce championnat lui va comme un gant. « En L2, il faut batailler. Cette année, nous
avons un groupe bien équilibré, avec des joueurs aguerris aux joutes de la L2 plutôt qu’aux paillettes de la L1 », dit-il. Comme si le monde d’au-dessus n’était pas fait pour lui.
Le nouveau. François Masson à la baguette
Nouveau venu avec sept autres recrues, François Masson, né à
Rennes, n’est pas dépaysé. On a même l’impression qu’il a toujours joué ici.
« Je connaissais déjà Denis (Stinat) avec qui je partageais la
chambre à Dijon, "Bibi" (Bigné) du temps de Rennes, "Poule"
(Poulard) à Angers (« il jouait avec les grands et moi avec les
jeunes mais on se croisait souvent », David (Bouard) aussi,
avec qui je m’entends très bien ».
Souvenir de CFA
La semaine prochaine, François Masson emménagera avec toute sa petite famille. « J’ai hâte, cela coïncidera avec le début de la saison, c’est bien », savoure-t-il.
Après cinq saisons à Dijon, il n’a pas hésité une seule seconde au moment de signer, avec en tête un souvenir de CFA, un 0-0 avec la GSI Pontivy, à Le Blé devant 10.000 spectateurs en 99.
Dans son nouveau stade, qui, pour l’instant, n’est qu’un lointain
souvenir, il est très attendu pour donner le tempo au milieu,
pour créer du jeu. Pour l’instant, il joue côté droit dans un milieu à quatre, mais Janin n’exclut pas « suivant l’adversaire de le faire jouer en 10 ou en 9 et demi dans un système en 4-2-3-1 ».
Avec son toucher de balle et sa vision du jeu, Masson est en fait polyvalent. « Ce poste sur le côté, ça me va,
j’ai joué comme ça avec Dijon toute la saison dernière. J’y ai
maintenant mes repères alors qu’au début, j’en faisais une fixation, je pensais que ce n’était pas un poste pour moi. Je peux aussi jouer à gauche et en 9 et demi (je l’ai fait pendant deux ans à Dijon). Mais, je ne vous le cache pas, que mon poste de prédilection, c’est en n˚ 10 axial, à l’ancienne ».
Le 10, son numéro fétiche, celui qu’ii aura dans le dos durant toute la saison.
Eric Daniellou. 25/07/2007